- Pourquoi vous êtes-vous inscrit au GRAND PRIX CLAUDE LEMESLE ?
BASTIEN LUCAS : Le GRAND PRIX CLAUDE LEMESLE m'intéressait car c'est un Prix qui récompense la chanson.
Le nom de Claude Lemesle m'inspirait un talent d'écriture et cela me confirmait que c'était bien cet aspect-là qui allait être recherché.
En tant qu'auteur-compositeur-interprète et beaucoup plus fier de mon travail d'auteur-compositeur que de celui d'interprète, c'est qui m'a vraiment attiré.
- Comment s'est déroulée la soirée finale ?
BASTIEN LUCAS : Le soir de la finale, c'était le plus grand trac de ma vie : comme on n'avait qu'une seulle chanson à défendre, toute la pression repose sur celle-ci.
Je m'attendais à trouver une ambiance "tendue", des gens fermés, un peu comme à un examen, alors que finalement, pas du tout !
C'était très chaleureux et j'en ai profité pour rencontrer des artistes avec qui j'ai, aujourd'hui, des rapports affectueux.
J'en garde un très bon souvenir, sans doute par l'absence de la "concurrence" qu'il peut y avoir dans les concours.
En tant qu'artiste, ce n'est jamais agréable. Là, au contraire, on se donnait des cours de guitare, on jouait aux cartes...
C'était une "belle journée" comme on dit.
- Qu'est-ce que cela fait de chanter avec des artistes "concurrents", qu'on ne connaît pas, en deuxième partie ?
BASTIEN LUCAS : Effectivement, la deuxième partie consistant à reprendre des chansons écrites par Claude Lemesle, j'ai eu le plaisir de jouer une chanson de Michel Fugain et de Claude Lemesle devant les créateurs eux-mêmes !
J'étais accompagné par deux autres candidates Elsa Gelly et Clémentine.
C'était avant tout une rencontre d'artistes. On était, c'est vrai, concurrents dans la première partie mais on s'est lié finalement "d'amitié musicale" pour interpréter cette chanson ensemble.
C'est Xavier Rémi qui nous avait proposé un trio sur "La Bête immonde". Nous avons répété, principalement à distance puisque Elsa Gelly habitait à Montpellier.
Il nous a fallu chercher comment on allait pouvoir l'interpréter, se la "distribuer".
Chose plutôt intéressante et nouvelle pour moi qui suis en général seul quand je travaille.
- Et interpréter une chanson de Michel Fugain devant... Michel Fugain ?
BASTIEN LUCAS : En réalité, on ne savait pas qu'il y aurait Michel Fugain sur scène à ce moment-là.
Ça, c'était la cerise sur le gâteau qui a d'ailleurs ajouté encore un peu de stress et qui a rendu le moment... spécial !
Il était exacatement en face de moi.
Essayer d'éviter de le regarder me perturbait autant que le voir m'écouter !
Il me fallait pourtant bien me concentrer dans les parties de piano et de chant que je devais assurer...
C'était très intimidant d'autant plus que "La Bête immonde" est un de mes titres préférés de son répertoire.
- Comment s'est passée la remise du Prix pour votre chanson "Comme à la guerre" ? Avez-vous un souvenir particulier ?
BASTIEN LUCAS : On s'est retrouvé, douze sur la scène, à attendre la proclamation du résultat des votes.
L'attente paraissait bien longue, car il y avait trois prix :
Celui du Public, celui de Claude Lemesle et celui du Jury. A chaque Prix qui tombait, on se disait "un de moins qu'on aurait pu avoir !".
Arrivé à la fin, Monique Lemarcy, qui remettait le Prix du Jury avec Michel Fugain, expliqua que le choix n'avait pas été très dur, que la majorité des votants était d'accord, et que tout s'était fait en un tour, très rapidement.
J'ai alors pensé "ça va faire mal..."
C'est finalement tombé sur moi. Pourquoi moi ? Qu'avais-je bien pu leur faire ? Le mystère reste entier !
J'ai fait ce que j'étais capable, j'y croyais forcément, mais se rendre compte qu'il y a d'autres personnes qui y croient aussi, et pas des moindres, ça aide à y croire encore plus !
- Donc si vous aviez à résumer la soirée ?
BASTIEN LUCAS : Je me souviens de ces quelques mots qui me sont venus et que j'ai dit bizarrement ce soir là : "Je suis venu, j'ai vu... comme à la guerre !".
- Mais, ce soir-là, ce n'était pas la guerre ?
BASTIEN LUCAS : (Rires) Ah non, ce n'était pas la guerre ! Ce n'était pas non plus comme au château et tant mieux... C'était...
Le soir de la finale, en fait, on était comme une équipe dont chaque membre avait sa part de travail à accomplir, sa part de belles choses à faire.
J'ai l'impression qu'on était tous à se dire "plus les autres seront bons et plus on aura de mérite à être présents".
- Que s'est-il passé depuis ce GRAND PRIX CLAUDE LEMESLE 2006 ?
BASTIEN LUCAS : Depuis, j'ai enregistré mon premier album entre août 2006 et décembre 2006. Il est sorti le 8 février dernier.
C'est une rencontre avec Gabriel Yacoub, un chanteur que j'apprécie beaucoup et qui m'a proposé de réaliser ce disque.
Je l'ai intitulé "Essai" parce que c'est exactement ce que je suis en train de faire.
Je suis à la fois assez jeune et en même temps j'ai eu le temps de faire vivre les chansons qui composent l'album.
J'écris depuis plus de dix ans et il y a dans le lot quelques chansons très anciennes.
Aussi, je suis content d'avoir aujourd'hui ce disque, cette photographie bien produite, avec cordes, bois, batterie, guitare, piano et tout ce qu'il faut.
C'est une belle expérience. J'ai également entamé une tournée pour promouvoir ce disque à travers la France.
C'est vraiment la grande aventure qui commence : beaucoup d'excitation et un petit peu d'angoisse, modérée par le fait que je sois bien entouré.
- Pourquoi avoir intitulé votre premier album "Essai" ?
BASTIEN LUCAS : Il me semble déjà que c'est un bon titre pour un premier album.
Il y a à la fois un côté présentation, expérience et tentative qui me plaisent bien.
Mais c'est aussi une image venue du rugby : on marque un point mais on peut encore en marquer plus avec la transformation de l'essai.
Et c'est ce que je vise maintenant...
Ce qui me plaît également dans ce mot, c'est qu'il y a quelque chose à la fois de très modeste, mais aussi un côté prétentieux.
Arriver avec un premier album, arrangé comme celui-ci, avec toutes les personnes qui y ont collaboré, c'est ambitieux.
Alors dire que c'est un essai, c'est dire aussi que je peux sûrement faire encore mieux que ça.
Et ça m'amuse beaucoup de dire une chose et son contraire avec la même phrase.
- Et maintenant, que pourriez-vous demander ?
BASTIEN LUCAS : Après le PRIX CLAUDE LEMESLE qui a été un tremplin avec la reconnaissance de professionnels que j'estime, après un premier album en distribution nationale chez Harmonia Mundi, après une tournée partout en France pour essayer de conquérir les publics de différents horizons, ce que je vise maintenant c'est une reconnaissance de ce disque.
Le PRIX CLAUDE LEMESLE était la reconnaissance d'une chanson et j'aimerais que les autres aient aussi leur heure de gloire !
La prochaine étape serait de me retrouver en première partie d'artistes que j'apprécie, et surtout écrire des chansons pour d'autres.
J'ai encore beaucoup de choses à dire. Ensuite, bien sûr, d'autres albums pour moi.
Ce n'est qu'une question de temps : j'ai déjà les chansons (rires).
En tout cas, tout est réuni pour que ça se passe bien et je vais faire tout ce qu'il faut pour mettre toutes les chances de mon coté.
- Quel conseil donneriez-vous aux artistes finalistes du GRAND PRIX CLAUDE LEMESLE 2007 ?
BASTIEN LUCAS : Si j'avais un message à transmettre, ce serait déjà de profiter de leur place.
C'est une grande chance que de pouvoir jouer devant un jury composé de gens aussi intéressants, qui ont sans doute des choses à dire et des conseils à donner...
Bien sûr, il faut aller les chercher.
Ecouter les autres candidats aussi, car ils sont également de grande valeur s'ils sont arrivés jusque-là.
Peut-être qu'ils ne sont-ils pas dans un genre proche, mais ça ne doit pas être un frein car derrière ces enveloppes diverses se trouvent souvent des goûts communs.
- Quelque chose à ajouter ?
BASTIEN LUCAS : Oui, merci Claude Lemesle ! En effet, Claude est un des rares grands noms à avoir écrit autant de chansons en se mettant aussi peu sur scène.
C'est quelqu'un qui s'est installé au cours d'une vaste carrière et qui permet à de jeunes auteurs-compositeurs et interprètes d'être tirés vers le haut par un concours qui porte son nom.
C'est comme s'il se mettait à l'égal de jeunes auteurs.
Je trouve cela à la fois très humble et très valorisant pour les jeunes que nous sommes.
Accepter de dire qu'une bonne chanson peut être écrite par le plus grand auteur de tous les temps comme par un jeune auteur qui aurait eu un petit moment de grâce me plaît beaucoup.
N'importe qui peut écrire une belle chanson, encore faut-il l'aider un peu en disant : "Cette chanson-là vaut quelque chose, écoutez-là, croyez-moi".
Merci Claude.